• Illustrations : encres de Chine de Raphaël Segura
__________________________________________________Un jour quelqu’un dessine des troncs et branches
d’arbres nus. À cause peut-être d’une rencontre avec de vrais arbres. Mais rencontre aussi avec un papier fait à partir de l’écorce d’une variété de mûrier cultivée à Madagascar.
Puis rencontre avec des poèmes : les dessins font penser et rêver, donnent des mots qui en appellent d’autres.
Les mots dessinent du sens, un phrasé, de l’écriture qui fait signe aux dessins, à des arbres qu’on a connus. En vain ?
Rencontre avec un éditeur. Un livre.
Quel arbre paraît / disparaît dans le silence du livre ?
Beaucoup de poèmes ont été publiés sous forme de livres d’artistes, ou avec des reproductions d’œuvres de peintres et de photographes. Les peintres en particulier m’ont fait comprendre qu’un poème, ou tout un livre de poèmes, pouvait se construire comme une peinture, en disposant dans l’espace de la page ou du livre, des motifs divers (de sens, d’image, de grammaire, de typographie, de blancs ou de sonorités, etc.) comme le peintre utilise sur sa toile des motifs de couleurs ou de formes. Et qu’on peut aussi ouvrir le livre à n’importe quel endroit, ou lire le poème en commençant par sa fin ou son milieu, tout comme on peut remarquer d’abord dans une peinture un détail particulier et laisser ensuite le regard parcourir le reste de l’image. On ne peut pas évidemment voir d’emblée tout le contenu d’un livre, comme on peut voir un tableau. Je le regrette bien, mais cette impossible vision d’ensemble du poème ou du livre le rapproche de la musique. On pourrait dire en somme qu’un poème est une peinture musicale.
Austères les troncs et les ramures sous ma plume ou mon pinceau. Ramures hivernales ? ramures torturées ? souvent signes baroques ! Tenter de comprendre, hasard ou loi secrète, le pourquoi du chemin que prend chaque branche. Noir de l’encre de Chine, parfois décliné par dilution jusqu’à un gris très clair sur un papier artisanal. La finesse et les subtilités de son épaisseur se révèlent une fois collé sur son support légèrement teinté, bois ou carton. Tatouage d’encre de Chine, poids, préciosité, objets fragiles et résistants comme de dérisoires ex-voto mémoire de l’ARBRE dans cette planète en déshérence. Ce travail à l’encre de Chine sur du papier Antémoro* que j’avais fait fabriquer en 1975 en vue de la confection de gravures, de livres d’artiste, de lavis, m’a conduit à le coller sur un support rigide qui contraste et exalte sa finesse et son charme particulier.
RAPHAËL SEGURA
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ON POURRA DÉCOUVRIR UN ENTRETIEN
• de James Sacré avec Anne Segal sur le site de TÉLÉRAMA
ON POURRA LIRE UN COMPTE RENDU
• de B. Teulon-Nouailles sur le site du magazine L’Art-vues
• de François Huglo sur le site de Sitaudis
ON POURRA LIRE UNE NOTE DE LECTURE
• de Claude Vercey sur le site de la revue Décharge
https://www.dechargelarevue.com/I-D-no-925-Le-bruit-du-vivant-dans-ce-qui-semble-mort.html
• pages : 84
• format : 21 x 21 cm
• parution en février 2021
• ISBN 978-2-35128-181-9
25.00 €