L’atmosphère ambiante est celle d’une régression généralisée. Comme elle est heureusement reléguée loin des affres de la communication et de l’utilitarisme, il se pourrait que la poésie fût interrogée ici pour aller contre l’époque, c’est-à-dire au plus près d’elle, au plus près du flux continuel et souvent contradictoire qu’elle manifeste. Cette hypothèse serait alors comme un point de rencontre possible, un lieu commun, entre l’écriture d’Alexis Pelletier et les encres que Gérald Kerguillec apporte à celle-ci.
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Il faut mesurer l’importance de l’interrogation  
nous qui venons d’un lieu où s’exprime quoi 
des mots qui peinent à entrer dans le poème 
la liberté de la presse ou les droits 
universels de l’être humain. 
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Sur le chemin du langage, l’auteur n’oublie pas que “le découragement fait partie du jeu et l’angoisse quand l’époque va plus vite que les mots”.
Cela part dans toutes les directions le temps 
l’espace les mots et tout échappe puisqu’à chaque fois 
qu’un semblant de maîtrise se dessine tu sais qu’il 
faut tout casser 
le rythme à la mesure du savoir 
et le ballet des martinets s’arrête vers 22 h 30 
au début de juillet relayé par le babil du merle 
et bientôt parfois le chant d’un bouvreuil à ne pas 
confondre avec celui d’un rossignol 
toutes ces directions conduisant jusqu’à toi
je te demande de ne pas trop sourire de ma naïveté 
parce que quelque chose danse avec ces mots 
ou le voudrait 
quelque chose danse avec l’époque
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Et j’allais l’oublier 
l’époque c’est aussi la vitesse et c’est curieux 
comme il faut toujours passer par les lieux communs 
pour arriver à comme un semblant de vérité 
on ne fait pas l’économie de ce genre de mots 
et pourtant il y a en moi l’horreur du rapport 
entre poésie et vérité parce que ça trimballe 
son piédestal 
ralentir poème attention travaux ce qui est le 
contraire de l’époque
piédestal poème ça la fait fuir l’époque 
époque piédestal ça fait fuir le poème 
le troisième couple demande donc à enlever tout 
piédestal.
• ISBN : 978-2-35128-035-5 
• format : 16 x 24 cm
• pages : 64 
• encres de Gérald Kerguillec
• parution : mars 2008
16.00 €